Rajesh Krishnamurthy, Group CEO – Expleo
Le marché de l’intelligence artificielle (IA) ne montre aucun signe de ralentissement. Les investissements continuent d’augmenter, année après année. Les entreprises et les investisseurs misent gros sur le potentiel de transformation que l’IA peut apporter. Cependant, des voix de prudence commencent à se faire entendre au sein de cet enthousiasme général.
Les derniers chiffres de notre baromètre mensuel Expleo AI Pulse illustrent parfaitement cette dualité. D’un côté, les entreprises restent confiantes dans le potentiel de l’IA, avec un score de 69 sur 100 dans notre indice de confiance (en hausse d’un point depuis août). De l’autre, 49 % estiment également que nous vivons dans une bulle de l’IA.
Alors, faut-il s’inquiéter ?

Pour répondre à cette question, prenons l’exemple des tulipes et d’internet.
En 1636, les Pays-Bas, alors puissance économique de premier plan, furent frappés par la Tulipomanie. Cette frénésie spéculative fit grimper le prix des bulbes de tulipes jusqu’à l’équivalent d’une maison de luxe à Amsterdam, soit l’équivalent de plusieurs centaines de milliers d’euros actuels. Début 1637, les prix s’effondrèrent rapidement et, en quelques semaines, le marché s’écroula. Près de 400 ans plus tard, on peut acheter un sachet de bulbes pour quelques euros. Cela reste l’un des premiers et des plus célèbres exemples de bulle spéculative de l’histoire.
Avançons jusqu’aux années 1990 et la bulle internet. Des entreprises qui n’avaient guère plus qu’un nom de domaine accrocheur ont réussi à lever des millions. L’engouement était électrique, le marché a explosé… puis tout s’est effondré. Mais contrairement à la bulle des tulipes, celle-ci a laissé derrière elle quelque chose d’extraordinaire. Des géants comme Google, Amazon, et une grande partie des infrastructures numériques et digitales qui soutient notre vie moderne ont émergé des décombres.
La leçon ? Toutes les bulles ne se valent pas. Certaines éclatent et disparaissent. D’autres explosent pour donner naissance à quelque chose de plus grand, qui transforme — certes le début est peut-être audacieux et chaotique mais au final grandiose et merveilleux.
Oui, des ajustements sont forts probables. Les valorisations pourraient fléchir. Les projets trop médiatisés pourraient s’éteindre. Mais ce n’est pas un effondrement. C’est une consolidation. Le paysage de l’IA arrive à maturité, passant de l’excitation spéculative à une intégration stratégique.
Tout comme internet au début des années 2000, l’IA passe de la promesse à l’infrastructure.
La vague d’enthousiasme peut retomber, mais elle cache un puissant courant d’innovation. Les entreprises qui survivront à cette phase seront celles qui vont résoudre de vrais problèmes, construire des plateformes évolutives et transformer notre manière de travailler, de vivre et de créer.
Ce n’est pas la fin de l’histoire de l’IA. C’est juste la fin du premier chapitre.





