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S’affirmer sans agressivité : être femme dans le monde de l’ingénierie et des affaires

Dérouler
Clair Karlsson
15.03.21
Sujet

Directrice des opérations, Clair Karlsson dirige Women in Engineering and Business (WEB), une plateforme d’accompagnement pour les femmes au sein d’Expleo. Ce réseau leur offre un espace d’échange sur les défis auxquels elles sont confrontées au quotidien dans leurs fonctions. Clair profite de la journée internationale du droit des femmes pour partager sur ce qui l’a motivée à créer ce groupe et les raisons pour lesquelles les avancées en matière d’égalité homme-femme ne sont pas suffisantes.

Clair Karlsson in car

La création de ce groupe n’était pas prévue mais s’est imposée au regard des circonstances. À l’époque, j’étais la seule femme à un poste de direction, à la fois plus âgée et plus expérimentée. Plusieurs collègues féminines, de toute l’entreprise et pas seulement de mon équipe, venaient me demander conseil sur certains problèmes, parfois concernant un collègue ou même un supérieur.

Cela s’est transformé en discussions pendant nos pauses déjeuners. Autour d’un sandwich, les filles discutaient de leurs difficultés et partageaient leurs ressentis et leurs inquiétudes. J’ai alors proposé mon aide sous la forme de sessions de coaching et de mentoring, de développement personnel, de réseautage et de conseils sur le fait de travailler dans un environnement professionnel dominé par les hommes. J’ai aidé à résoudre certains conflits au sein de l’entreprise et proposé des idées pour améliorer le bien-être des femmes au travail.

WEB a ouvert une formidable plateforme d’échange qui accueille et met les femmes à l’aise afin qu’elles puissent se confier sur les problèmes rencontrés au quotidien dans leur travail, que ce soit face à leurs collègues masculins ou pour planifier leur carrière. C’est bien plus qu’une “case à cocher” pour Clair qui consacre beaucoup de temps et d’attention à son rôle. Son point de vue est inestimable.

Mon responsable a pris conscience des retours positifs de cette initiative et m’a demandé d’étendre le réseau à tout le groupe. Nous avons ensuite trouvé un nom : Women in Engineering and Business (WEB). Les réunions d’une heure se sont alors structurées. Je commençais par de la formation et du mentoring, comme apprendre à s’affirmer sans agressivité ou avoir recours à la “roue des couleurs” pour s’adapter aux différentes personnalités de ses interlocuteurs. Dans un environnement dominé par les hommes, ces techniques de management peuvent vraiment aider les femmes à adopter la bonne posture. Je lançais alors la discussion et si quelqu’un voulait évoquer un problème plus personnel, je continuais l’échange en aparté.

Garde tes émotions pour toi

Ma carrière a débuté en 1989 avec un contrat d’apprentissage auprès d’un constructeur britannique dans l’aéronautique. Il s’agissait d’un programme prestigieux dont faisaient partie 10 autres jeunes femmes. A ma connaissance, je suis la seule à toujours travailler dans l’ingénierie. Cela montre à quel point il est difficile de garder le cap dans cette industrie. Pour ma première opportunité professionnelle, à la sortie de l’université, j’ai intégré une équipe de 240 designers et j’étais la seule femme. C’était terrifiant. De plus, à cette époque, les jeunes diplômés étaient mal perçus par l’équipe de dessin : une double peine.

Je me suis vite rendu compte que les femmes sont traitées différemment. C’est aussi simple que cela. Je devais intérioriser mes émotions. Si vous êtes en colère, on vous dit que vous exagérez. Si vous pleurez, vous perdez leur respect. Ils pensent qu’ils ont gagné. Maintenant c’est plus facile car je suis manager, mais je comprends pourquoi les femmes quittent cette profession, même si elles l’aiment. C’est triste.

Cette attitude est en grande partie liée à l’éducation que les hommes reçoivent. Je ne vois pas cela comme une erreur de l’organisation. Je suis ravie qu’Expleo se soit engagé à promettre les mêmes chances d’évolution de carrière à tout le monde, avec plus de femmes à des postes à responsabilité et un combat quotidien contre les préjugés au sein de l’entreprise. Depuis mes débuts, le secteur a parcouru du chemin, même si nous partons de loin. En 2021, il n’y a plus aucune tolérance pour le harcèlement sexuel ou les abus physiques. Avons-nous mis pour autant fin aux inégalités? Absolument pas. En réalité, 46% des femmes du secteur des technologies en Europe ont déclaré avoir été victimes de discrimination.

La perception du public

Il y a encore beaucoup trop d’hommes ingénieurs qui ont des préjugés sur les femmes. C’est difficile de s’y faire. Bien sûr, ce défi n’est pas propre au secteur de l’ingénierie. Je crois que nous avons toutes été confrontées au vendeur de voitures ou à l’électricien qui ont du mal à vous regarder dans les yeux ou insistent pour parler à votre partenaire, plutôt qu’à vous.

Pourquoi ai-je persévéré ? Cela doit venir de mon éducation suédoise. J’ai toujours été libre de bricoler avec des câbles dans la maison. Dans les pays scandinaves, il est moins répandu de croire que certains métiers sont pour les hommes et d’autres pour les femmes. À aucun moment mes parents n’ont trouvé étrange que je veuille devenir ingénieure.

Clair Karlsson lecturing at school

WEB est également engagé dans l’éducation pour promouvoir l’ingénierie auprès des jeunes filles. Au Royaume-Uni, qui a le plus faible pourcentage de femmes ingénieures (12%), il y a peu de visibilité sur ce métier. Les publicités à la télé disent que les ingénieurs s’occupent de chaudières, voitures, plomberie etc. Mais non, ce sont des techniciens, mécaniciens, plombiers, pas des ingénieurs ! Les jeunes filles pensent qu’être ingénieur c’est porter une combinaison de travail sale et avoir les ongles dégoûtants. Nous leur disons qu’un vrai diplôme d’ingénieur est aussi demandé que celui de médecin. Être ingénieur, c’est passer la majeure partie de son temps en open space, derrière des ordinateurs dernière génération à inventer, concevoir et résoudre des problèmes. Et là, elles ouvrent grand les yeux et c’est le déclic.

Thank you cards for the lecture
Dans certains pays, il est interdit de se prétendre ingénieur sans en avoir les qualifications. Pourquoi n’est-ce pas le cas chez nous ? Cela peut en agacer certains, mais en même temps, cela permettrait de valoriser l’ingénierie aux yeux des jeunes filles, afin d’ouvrir la profession à plus de mixité pour mieux répondre aux défis de demain. Nous devons faire un geste symbolique ou les mêmes préjudices continueront à perdurer.
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